Bilan gaz 2024 et transition énergétique

« L’année 2024 a connu une certaine accalmie sur les marchés gaziers européens tandis que la France confirme son rôle de pays de transit avec 123 TWh exportés vers ses pays voisins (+10 % par rapport à 2023). La consommation intérieure du gaz recule (-5,5 %) en raison principalement d’une moindre sollicitation des centrales à gaz pour équilibrer le système électrique. Dans le même temps, la part du gaz renouvelable produit dans les territoires continue de progresser. » Sandrine Meunier, Directrice générale de NaTran
En résumé
- Les prix gaziers européens ont significativement diminué depuis 2021, dans un contexte qui reste tendu.
- Le recul de la consommation française (-5,5 %) s’explique essentiellement par la chute de la production d’électricité à partir des centrales à gaz et par la poursuite des efforts d’efficacité énergétique. La consommation des industriels connaît une légère reprise.
- La France a intensifié son niveau de transit, le pays reste un point d’entrée important du GNL en Europe représentant 24 % des importations européennes.
- Les stockages et les capacités d’entrée du gaz garantissent aux fournisseurs la possibilité de satisfaire le marché français cet hiver.
- La production de gaz renouvelables atteint 11,6 TWh en 2024 (9,2 TWh en 2023), l’équivalent de deux réacteurs nucléaires.
- NaTran fait progresser ses projets de transport d’hydrogène et de CO2 dans un marché qui se structure ; 3 projets H2 et 2 projets CO2 ont obtenu des subventions européennes (35 M€) et l’appel au marché sur le corridor H2Med a confirmé les besoins des acteurs à horizon 2030.
Recul spectaculaire de la production d’électricité à partir des centrales à gaz en 2024
L’année 2024 confirme la tendance baissière observée depuis 2022. La consommation de gaz en France recule de 5,5 % en 2024 par rapport à 2023, atteignant 361 TWh en raison principalement cette année d’une moindre sollicitation des centrales électriques au gaz pour assurer l’équilibrage du système électrique. En 2024, le redressement de la production nucléaire (+13 % vs 2023) et la progression des énergies renouvelables (+12 % vs 2023) expliquent la forte baisse des centrales à gaz (16 TWh consommés en 2024, -56 % vs 2023).
La consommation domestique sur les réseaux de distribution de gaz (ménages, tertiaire et petite industrie) recule de 1,4 % en données corrigées du climat. La consommation poursuit son érosion tendancielle sous l’effet des mesures d’efficacité énergétique et des efforts de sobriété qui se maintiennent (baisse de la consommation de plus de 20 % entre 2021 et 2024).
La consommation des clients industriels raccordés au réseau de transport est quant à elle en légère hausse (+0,8 %), portée par certains secteurs comme la chimie, la pétrochimie, l’agroalimentaire et la métallurgie.
Maintien de la sécurité d’approvisionnement en France et en Europe
Les prix du gaz en Europe et leur volatilité ont significativement baissé depuis 2021, dans un marché qui reste tendu, avec des capacités de production de GNL qui fonctionnent aujourd’hui à plein régime. La demande européenne de gaz est stable par rapport à 2023 à hauteur de 3500 TWh, à comparer à 4400 TWh en 2021, en baisse de 19 %.
La baisse des importations est compensée par des soutirages importants dans les stockages, à hauteur de 146 TWh.
Les approvisionnements français en gaz proviennent à 57 % de GNL (-14 % en volume) et à 43 % d’importation par canalisation (-4 % en volume). La baisse des entrées de gaz s’explique par un arbitrage économique en faveur d’un soutirage des stocks. La France a intensifié son niveau de transit en Europe avec 123 TWh exportés vers ses pays voisins
(+10 % par rapport à 2023), notamment vers la Suisse, l’Italie et la Belgique. La France reste un point d’entrée important du GNL en Europe, représentant 24 % des imports européens.
Les stockages français sont remplis à 22 % (dans le bas du tunnel historique des niveaux de stockage en France).
Pour autant, les stockages et les capacités d’entrée du gaz garantissent aux fournisseurs la possibilité de satisfaire le marché français cet hiver.
Gaz renouvelables
Une dynamique à nouveau perceptible
En 2024, 11,6 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux (9,2 TWh en 2023), au travers de 731 sites de méthanisation tous réseaux confondus (+ 79 unités), l’équivalent de la production de deux réacteurs nucléaires ou de la consommation de gaz d’une grande région française (Occitanie ou Bourgogne-Franche-Comté). En 2024, 36 % de nouveaux projets sont entrés au registre de capacité par rapport à 2023 sous l’effet cumulé de la mise en place des certificats de production de biométhane (CPB) par les pouvoirs publics et de la confirmation de l’intérêt de l’industrie et de la mobilité pour cette énergie.
L’adaptation du réseau pour optimiser la production de gaz renouvelables s’accélère avec 28 postes de rebours permettant d’acheminer le biométhane produit localement depuis le réseau de distribution vers le réseau de transport (+8 en un an). De nouvelles technologies innovantes de production de gaz renouvelables (pyrogazéification et gazéification hydrothermale) sont prêtes à passer à l’échelle industrielle, comme en témoigne les résultats de l’Appel à Manifestation d’Intérêt de la gazéification hydrothermale qui a permis d’identifier 24 projets prometteurs en France.
Hydrogène et CO₂
Les projets d’infrastructures avancent dans un marché qui se structure
5 projets d’infrastructures hydrogène et CO2 (Barmar, HY-Fen, Rhyn, DKharbo et GOCO2), portés par NaTran et ses partenaires ont été sélectionnés par l’Union européenne pour obtenir des financements à hauteur de 35 M€, en vertu de la construction du futur marché énergétique européen.
Concernant le transport d’hydrogène, plusieurs projets régionaux et transfrontaliers ont connu une avancée significative en 2024 : MosaHYc est entré dans une phase d’investissement, HynFramed et DHUNE ont lancé leur phase d’ingénierie de base.
Les projets BarMar-H2Med et HY-FEN destinés à structurer un corridor hydrogène national et européen pour relier la péninsule ibérique à l’Allemagne, en desservir les utilisateurs industriels français présents le long de son tracé, ont également été confortés. L’Appel à Manifestation d’Intérêt lancé fin 2024 a été un succès avec 500 projets identifiés et 168 entreprises qui se sont déclarées intéressées. En France, 54 entreprises ont répondu pour 81 projets répartis sur le territoire.
Concernant le transport de CO2, le projet DKHARBO a fait l’objet d’un partenariat avec Equinor et est entré dans une phase d’études de base ; le projet GOCO2 a lui aussi fait l’objet de la signature d’un accord de coopération avec les partenaires Elengy, Heidelberg Materials, Lafarge, Lhoist et NaTran.